A la suite des évènements survenus à Gaza au cours des dernières semaines, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) a depêché du 9 au 13 juillet 2007, une délégation de haut-niveau composée de Driss El Yazami, Secrétaire général de la FIDH et Michel Tubiana, Président d’honneur de la Ligue française des droits de l’Homme qui a été rejointe à Gaza par Raji Sourani, Vice président de la FIDH et directeur du Palestinian Center for Human Rights (PCHR).
La FIDH tient d’abord à souligner les difficultés que ses chargés de mission ont rencontrées pour pénétrer à Gaza qui ont failli mener à l’annulation de cette mission. Ces difficultés n’ont pu être surmontées que grâce à l’intervention efficace d’une de ses organisations affiliées en Israël, Bt’selem. Rien ne peut justifier l’attitude du gouvernement israélien qui, de plus en plus, oppose au travail des ONG des empêchements croissants.
Lors de leur visite à Gaza, les membres de la mission ont pu rencontrer trois responsables du Hamas, Ismail Haniyeh, Premier ministre déchu, Said Siam, ancien ministre de l’Intérieur et Dr Mahmoud Al-Zahar, ancien ministre des Affaires étrangères. La mission s’est également entretenue avec Faysal Abou Shahla, député du Fatah et responsable du Comité des droits de l’Homme du Conseil législatif palestinien (CLP).
A Ramallah, la mission de la FIDH a été reçue par Saadi El Krunz, Secrétaire du Cabinet palestinien et ministre des Transports (Fatah) puis par Shawan Jabarin, Directeur général de l’association Al-Haq, organisation membre de la FIDH en Cisjordanie. Elle a aussi rencontré à Jérusalem, Rachel Benziman, directrice d’une autre de ses membres, l’Association for Civil Rights in Israel (ACRI) et la délégation de la Commission européenne ainsi que le Consul général de France.
A l’occasion de ces rencontres, les membres de la mission ont écouté précautionneusement les différentes parties palestiniennes et sont arrivés à la conclusion que seule une commission d’enquête impartiale pourra déterminer l’enchaînement des faits et les responsabilités qui ont conduit aux affrontements qui ont fait 148 victimes (dont 36 civils) et au moins 700 blessés. La FIDH condamne fermement les événements qui se sont déroulés pendant cette période et en particulier entre le 10 et 14 juin 2007, et les violations graves des droits humains y compris des exécutions extra-judiciaires et sommaires, qui en ont découlé,
En tout état de cause, la FIDH appelle les parties concernées à respecter scrupuleusement l’état de droit, la démocratie et les droits de l’Homme. Elle condamne la mort des suites de tortures de Fadel Mohammed Saleem Dahmash qui après avoir été capturé par les brigades al-Quds a été remis à la force exécutive et détenu à la prison centrale de Gaza où il a trouvé la mort, le 10 juillet 2007. La FIDH s’inquiète également de la publication au cours des dernières semaines, de décrets présidentiels qui constituent des violations des droits humains et des libertés fondamentales. Un décret publié le 20 juin par le Président Abbas exige un nouvel enregistrement de toutes les ONG palestiniennes, disposition qui laisse craindre des actes de répression à l’encontre des organisations de la société civile. Par ailleurs, un second décret daté du 6 juillet, étend considérablement les pouvoirs de la justice militaire, plaçant notamment la justice civile sous son autorité ce qui constitue une violation manifeste de l’état de droit. La FIDH prend acte de l’annonce par le cabinet palestinien du retrait deuxième décret et appelle à l’abrogation du premier.
La FIDH considère que la situation qui prévaut à Gaza ne peut avoir d’issue militaire et que seul le peuple palestinien, à Gaza comme en Cisjordanie, en est victime. Elle appelle au dialogue politique entre toutes les parties palestiniennes de manière à rétablir le fonctionnement normal des institutions palestiniennes. Elle exprime son soutien aux initiatives émanant de plusieurs secteurs de la société civile palestinienne, appelant au dialogue entre les acteurs politiques concernés.
Enfin, la FIDH entend souligner avec force la responsabilité essentielle de la communauté internationale et du gouvernement israélien.
En refusant de reconnaître les résultats des élections législatives, en soumettant l’Autorité palestinienne à un blocus économique asphyxiant, la communauté internationale et le gouvernement israélien ont considérablement contribué à la dégradation de la situation. L’arrestation arbitraire des députés et des ministres membres du Hamas l’ont encore aggravée. La FIDH appelle la communauté internationale, les Hautes parties contractantes à la IVème Convention de Genève et l’Union européenne à mettre fin aux sanctions à l’encontre du peuple palestinien et en particulier, à mettre un terme au blocus de la Bande de Gaza, empêchant le passage des biens et des personnes.
Aujourd’hui, le peuple palestinien continue à souffrir des conséquences d’une occupation et d’un blocus sans cesse renforcés. Plusieurs milliers de personnes sont bloquées à Rafah, dans des conditions indignes dont certaines sont décédées, et les habitants de Gaza et de Cisjordanie ne peuvent circuler librement. Mettre un terme à cette situation est une urgence vitale.
La FIDH appelle l’Etat d’Israël, puissance occupante à agir en conformité avec ses devoirs et obligations au regard du droit international humanitaire et de la IVème Convention de Genève.
La FIDH appelle les autorités israéliennes à libérer immédiatement et sans condition les 43 membres élus du Conseil législatif palestinien actuellement détenus en Israél.
La FIDH continuera directement et à travers ses organisations membres, de surveiller scrupuleusement l’évolution de la situation grave qui prévaut aujourd’hui dans le TPO et la situation palestinienne interne.
La FIDH rappelle enfin à toutes les parties que l’absence de mise en oeuvre et de respect du droit international humanitaire et de la 4ème Convention de Genève est à l’origine de cette situation particulièrement préoccupante.
http://www.fidh.org/article.php3?id_article=4487
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