Drapeaux orange et bouteilles d'eau
Voitures et autocars déchargent leurs passagers au pied de la colline 1013, sous le regard médusé de quelques Palestiniens ayant osé venir assister à l'événement. Équipés de leurs « lulav », des feuilles de palmier utilisées pour construire des cabanes à l'occasion de la fête juive de Soukkot (« Tabernacles »), les colons contournent les militaires et gravissent la colline. Certains sont armés de leurs fusils d'assaut M 16, pour se protéger contre d'improbables attaques palestiniennes. Arrivés au sommet, ils construisent des synagogues improvisées avec des pierres et des cabanes de Soukkot, avant de prier et de lire des passages de la Torah.
Inquiet de la timide reprise des négociations de paix entre le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, et le président palestinien, Mahmoud Abbas, les colons ont décidé de relancer la construction de colonies, pour empêcher des évacuations de Territoires occupés qui accompagneraient la création d'un État palestinien. « Oslo a été une catastrophe, affirme Nathan Shwartz, un colon religieux venu de l'implantation de Karme Tzur. Olmert est prêt à diviser Eretz Israël (le Grand Israël de la Bible). Il est prêt à diviser Jérusalem. Si nous laissons faire cela, les terroristes du Hamas s'empareront de Jérusalem et s'y installeront avec leurs roquettes Qassam. Nous devons les empêcher. C'est une question de vie ou de mort pour nous. »
Des camionnettes équipées de haut-parleurs et de drapeaux orange, la couleur des colons évacués de la bande de Gaza en 2005, sillonnent les routes. « Montez partout. Cette terre est à nous. Des milliers de gens sont avec nous, venus des quatre coins du pays, pour défendre leur patrie, Eretz Israël », lancent les haut-parleurs entre deux chansons populaires. Dans la colonie d'Efrat, les quelque 600 militants qui ont lancé l'assaut de la colline de Givat Ha Eitam sont emmenés par Nadia Mattar, l'égérie du mouvement antiretrait de la bande de Gaza, et par Itamar Ben Gvir, l'un des chefs du mouvement des colons d'extrême droite, déjà incarcéré à plusieurs reprises. Équipés de drapeaux orange et de bouteilles d'eau, les jeunes colons ont l'intention de camper sur place.
Les habitants d'Efrat espèrent pouvoir mettre la main sur la colline de Ha Eitam, que le tracé de la barrière de séparation israélienne a placé du côté palestinien, pour s'agrandir. « Nous avons besoin de cette colline pour notre expansion naturelle, explique le rabbin Ryskin d'Efrat. Nous combattons les fondamentalistes palestiniens. » Où les Palestiniens établiront-ils leur État, si les colonies s'étendent sans limites ? « Là où nous ne sommes pas. Il leur restera bien assez de place », juge le rabbin.
Les colons s'attendent à être délogés sous le couvert de la nuit par l'armée de ces implantations, qui sont illégales même au regard du droit israélien. Pourtant, les organisateurs considèrent leur opération comme un succès. « C'est un message pour le peuple, visant à contrer la politique destructrice du gouvernement. Des milliers de personnes l'ont entendu », se réjouit Datya Itzhaki, l'une des dirigeantes du mouvement, évacuée de Gaza en 2005.
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