venerdì 5 ottobre 2007

Israël poursuit le maillage routier des colonies juives en Cisjordanie

Michel Bôle-Richard, Le Monde, 06/10/07. En sortant du bloc de colonies de Goush Etzion, au sud de Bethléem, la route 60, le grand axe qui traverse la Cisjordanie du nord au sud, serpente entre les villages palestiniens avant d'atteindre la périphérie d'Hébron. Afin de remédier à cet inconvénient, les autorités israéliennes ont décidé de construire une nouvelle route, sur 8 kilomètres, qui, à l'avenir, permettra de rattacher la région d'Hébron à Goush Etzion. Les colons pourront ainsi librement circuler sur cette nouvelle voie. Les Palestiniens, eux, devront emprunter l'ancienne route 60. Le projet, déjà existant mais qui vient d'être réactivé à la demande des colons, inquiète énormément les populations palestiniennes situées sur le tronçon, car l'accès à leurs terres sera entravé et leur liberté de circulation réduite. "Pour moi, cela s'appelle l'apartheid. Tout cela est la preuve de ce que les Israéliens n'abandonneront jamais la Cisjordanie. Ils considèrent que c'est à eux, et les colons disent que nous n'aurons jamais la paix, que notre place est en Jordanie", raconte, début octobre, Saïd Madheh, enseignant en retraite. Il explique également qu'il n'a plus accès à ses terres, à proximité de la colonie de Karmi Zur. "Elle ne cesse de s'étendre et si, demain, cette nouvelle route est construite, toute cette région fertile sera coupée en deux. L'objectif est de relier les colonies entre elles en laissant les Palestiniens de côté", ajoute-t-il.

CONFISCATION DE TERRES

En effet, les habitants craignent qu'à l'avenir, la route 60 soit coupée à l'entrée de Goush Etzion et qu'ils soient contraints d'emprunter la petite route 356 pour se rendre à Bethléem et à Jérusalem : ce qui constitue un énorme détour, sur une route étroite et accidentée.

La "60 bis", large de 20 m, gèlera de fait une section de 160 m de large, soit 326 hectares de cultures, selon les chiffres fournis par l'OCHA, l'Office de coordination des affaires humanitaires de l'ONU. Au passage, elle empiétera sur un site archéologique, occupera une partie du cimetière du camp de réfugiés d'Al-Arrub, écornera une réserve naturelle, sectionnera les champs d'une école agricole, contraindra à démolir plusieurs maisons, et coupera une quinzaine de chemins agricoles permettant d'exploiter les cultures. Des tunnels sont prévus, mais les paysans craignent qu'ils ne soient pas suffisamment larges et leur compliquent la vie pour se rendre sur leurs champs. Un immense pont surélevé est prévu à la hauteur du camp d'Al-Arrub. Ce qui inquiète énormément Issa Abu Kheiran, le responsable de ce camp de réfugiés de 7 000 personnes. "Des centaines d'arbres ont déjà été coupés. La route va passer tout près de l'école secondaire. Les gens commencent à se mobiliser. Ils veulent nous encercler. Ils ne veulent pas que l'on construise, que l'on cultive nos terres. Nous ne nous laisserons pas faire", dit-il.

Des responsables de la municipalité d'Halhul ont saisi la justice israélienne lorsque des ordres de confiscation de terres ont été notifiés. Une audition a eu lieu le 22 juillet. Le tribunal a demandé qu'une enquête approfondie soit effectuée afin de lui permettre de statuer. Moussa Makhamreh, l'avocat, s'efforce de recueillir des témoignages pour dénoncer ce projet.

Hussein Mourab, ingénieur de Halhul, explique que cette nouvelle route est un désastre pour la région et qu'il faut reconsidérer son bien-fondé et sa conception. Mais il est clair que la "60 bis" n'a d'autre objectif que de désenclaver les colonies de Migdal Oz et de Karmi Zur ainsi que de permettre aux colons de Kiryat Arba, à proximité d'Hébron, de circuler en toute tranquillité sur les terres de Judée et de rejoindre Goush Etzion et Jérusalem sans côtoyer de Palestiniens.

Michel Bôle-Richard
Article paru dans l'édition du 06.10.07.

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