venerdì 9 novembre 2007

Les colonies israéliennes continuent de se développer en Cisjordanie

Michel Bôle-Richard, Le Monde, 8.11.07. A moins de trois semaines de la réunion israélo-palestinienne censée se tenir le 26 novembre aux Etats-Unis, à Annapolis (Maryland), la colonisation de la Cisjordanie continue. Selon un rapport de l'organisation non gouvernementale israélienne La Paix maintenant, publié le mercredi 7 novembre, la construction bat son plein dans 131 implantations. Quatre-vingt-huit sont situées à l'ouest de "la barrière de sécurité" construite par Israël en terre palestinienne, principalement dans les grands blocs à la périphérie de Jérusalem et quarante-trois autres à l'est du "mur".

AP/MUHAMMED MUHEISEN
On compte 131 implantations, principalement dans les grands blocs près de Jérusalem et 43 autres à l'est du mur de séparation qui accueille des Cisjordaniens.

Le rapport ajoute que dans 34 colonies sauvages qu'Israël s'est engagé à évacuer, les constructions et l'installation de caravanes ont continué. Citant les chiffres officiels du bureau israélien central des statistiques, La Paix maintenant indique qu'il y a désormais 267 500 Israéliens vivant dans les colonies (sans compter les habitants des quartiers de colonisation situés à l'est de Jérusalem) et que l'augmentation s'effectue au rythme annuel de 5,8 % alors que la progression démographique n'est que de 1,8 % en Israël. Ce qui signifie qu'il ne s'agit pas de croissance naturelle comme l'affirme le gouvernement mais d'une véritable "migration" en direction de la Cisjordanie. "Si cela continue, il n'y aura plus d'Etat palestinien mais un Etat de colons", a souligné Yariv Oppenheimer, secrétaire général de l'organisation.

En effet, au fur et à mesure que le temps passe, la Cisjordanie est grignotée par la colonisation, ce qui rend de plus en plus improbable la création d'un Etat palestinien auquel doit normalement aboutir le processus qui sera engagé lors de la réunion d'Annapolis. Comme l'indique Rafiq Husseini, proche conseiller de Mahmoud Abbas, président de l'Autorité palestinienne, "ce qu'Israël accomplit sur le terrain est un obstacle à ce que nous essayons de mettre en place".

Le rapport dénonce également les projets de construction dans la zone E1 bordant Jérusalem-Est qui couperait la Cisjordanie en deux et isolerait ce territoire de Jérusalem, ce qui "empêche la création d'un Etat palestinien viable et rend impossible un accord pour mettre fin au conflit". La construction d'une route de contournement du bloc de colonies de Maale Adumim, censée faciliter la liberté de circulation des Palestiniens, outre qu'elle occupera 112 hectares de terres, est condamnée par l'ONG : "C'est comme si l'on se vantait de soigner un homme blessé après lui avoir coupé la main."

Afin de poursuivre leur projet et de contourner l'interdiction de transporter des caravanes ou des mobilhomes sans l'autorisation de l'administration, les colons les assemblent sur place après avoir apporté les matériaux nécessaires, portes, fenêtres, cloisons.

Le rapport rappelle que depuis l'accession d'Ariel Sharon au pouvoir en février 2001, cinquante et une colonies sauvages ont été créées et qu'aucune d'entre elles n'a été démantelée contrairement aux promesses faites. Dans le cas de celle de Migron, au nord de Jérusalem, cela fait la quatrième fois que les autorités demandent un délai à la Cour suprême pour répondre à la question de la propriété des terres occupées. Pendant ce temps, elles continuent de se développer.

Depuis la création des colonies sauvages au début des années 1990, "30 évacuations ont été ordonnées. 18 n'ont jamais été habitées et sur les 12 autres, quatre ont été véritablement évacuées (au moment du désengagement de la bande de Gaza)".

Ce rapport de La Paix maintenant démontre, une fois de plus, qu'aucun frein n'a été mis à la colonisation et que ce phénomène se poursuivant à vitesse accélérée, il devient pratiquement impossible de tracer les contours d'un Etat palestinien digne de ce nom en Cisjordanie à moins d'expulser une grande majorité de colons, ce qui n'a jamais été la voie privilégiée jusqu'à présent par les autorités israéliennes.

Michel Bôle-Richard

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