venerdì 21 settembre 2007

Un homme, sa jeune épouse française, sa famille, in the Abbas-Fayyad Israeli recognised State of Palestine (4)

Dear friends,

As for yesterday, I forward you the daily report of my wife.

Salam, peace,
Wajdi


On 9/20/07, *AC Yaeesh* < acyaeesh@gmail.com > wrote:

Invasion d'El Ain camp, 2ème jour.
Degré supérieur de violence, la présence militaire a doublé, il y a
un nouveau martyre. Je ne connais ni son nom, ni son âge, je sais
juste qu'il était jeune et à demi-paralysé. Il était chez lui
lorsqu'il a reçu une balle dans la nuque. Les ambulances n'ont pas
été autorisées à venir le chercher, alors il s'est vidé de son sang
et il est mort.

Degré supérieur de tension, même l'air que nous respirons semble
branché sur haute tension. A l'entrée principale du camp forme une
sorte de croix, il y a le camp sur notre droite, la rue principale
en bas de celui-ci et un chemin perpendiculaire. Sur les routes, des
dizaines de véhicules militaires en tous genres: jeep bien sur,
fourgonnettes, bulldozer,marteau-piqueurs... J'en dénombre 17 au
départ, quelques minutes plus tard 13. Ils viennent et ils vont
parce qu'aux extrémités de nombreux hommes lancent des pierres, les
plus jeunes ont peut être 8 ans, les plus vieux la vingtaine.
Des pneus brûlent, le gaz lacrymogène se répand.
Et au milieu de tout ça, il y a nous, volontaires en tous genres.
J'essaye de tout mémoriser, tout photographier dans ma mémoire parce
que je sens bien que personne n'apprécierais une photo souvenir.
D'ailleurs il n'y a plus de journalistes quand j'arrive, enfin si
un, plus loin. Est-ce que c'est parce que c'est trop dangereux ? Ou
est-ce parce que la nouvelle ne fait déjà plus sensation ?
Nous ne sommes pas très organisés et c'est ce qui nous permet à
Wajdi moi de nous éclipser et de pénétrer par le haut de la colline
à l'intérieur du camp, accompagné d'un autre volontaire qui accepte
de nous suivre. Il semble que le chemin que nous empruntons pour
détourner le camp soit le dortoir des soldats, la plupart font la
sieste. Nous ne demandons pas notre reste, nous avançons.
Degré supérieur de folie à l'intérieur, tableau d'un chaos.
Sur le chemin ce n'est plus merci que nous entendons, mais "apportez
nous à manger", "apportez nous des médicaments", "pourquoi apportez
vous à manger à cette famille et pas à nous ? nous le méritons moins ?"
Ce schéma je le reconnais parce que je l'ai vécu il y a peu : au
traumatisme succède la haine qui n'a plus de raison, qui n'est plus
raisonnable. Je comprends ces gens, parce que nous sommes leur seul
exutoire. Alors si pour voir la lumière de la sortie, ils ont besoin
de ne pas voir que nous risquons nos vies, je m'en fous. A défaut
d'apporter du pain à tous, j'apporte au moins une sorte d'espoir.
Le sol est boueux, des canalisations ont sautées, on trouve des
morceaux de verres, de fils de bombes, des morceaux de chat.
Je ne me formalise même plus des lumières rouges des viseurs et
j'attaque de mon plus beau sourire (oui oui, je n'en démords pas
c'est une arme redoutable) et de ma voix la plus angélique, tous les
soldats que je croise.
Un soldat appelle Wajdi de son prénom, nous reconnaissons notre
"soldat porte-parole" de la veille. J'ai l'impression qu'il a de la
compassion, en tous cas il nous parle humainement, il semble presque
rassuré de nous reconnaître. Je le plains parce que s'il a encore de
l'humanité, sa place est celle que je choisirai après l'enfer.
Nous retournons chercher des denrées.
Sans doute rassurés dans leur supériorité, les soldats autorisent
deux volontaires à retourner dans le camp, ce n'est pas nous. Nous
attendons en vain, la nuit tombe, nous rentrons.
Dans un premier temps Wajdi est déçu de la réaction des habitants,
mais il a à peine bu son verre de jus de fruit pour rompre le jeune
qu'il comprend. Au levé du jour, si les soldats sont toujours dans
El Ain nous y retournerons, inchAllah.
J'ai attrapé un sévère rhume parce que la peur m'a fait dégouliner
de sueur. Sur le chemin du camp, en ce début d'après-midi, je crois
qu'une bonne moitié de moi aurait préféré se prostituer plutôt que
d'y aller.
Phalastine
Naplouse sous occupation

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