Pour commencer cet email, je dois faire quelques précisions. Ces rapports que j'écris jours après jours, ne sont pas une caméra, et les émotions que je tente de retransmettre passent elles par mes yeux , par mes tripes plus exactement. Je ne prétend pas être journaliste, je ne rapporte que ce que moi, venue d'un autre monde, je perçois. En me lisant vous êtes en moi. Complètement, mais rien d'autre.
Aujourd'hui j'ai rencontré mes limites, ce qui fait la différence entre un Palestinien et une Française. Est-ce l'excuse que je me donne ? Elle est si facile.
Aujourd'hui est un jour de défaite personnelle à bien des niveaux.
Ce matin, à 10 heures une marche de solidarité aux habitants d'El Ain est organisée par les Naplousi.
J'ai veillé trop tard hier, je décide une nuit blanche mais le sommeil m'a pris vers huit heures. Wajdi tente de me réveiller pour y aller. Je n'en suis pas capable. Ce n'est pas le sommeil que je ne réussis pas à vaincre, c'est la peur. Je pressens un massacre. Un mouvement de foule effraiera les soldats, ils tireront sans hésiter. Femmes, enfants, vieillards, ils ne feront pas de différence. Ils voudront sûrement donner un exemple aussi, nous dire "ne revenez pas".
C'est un cri : je veux vivre, je veux que Wajdi vive, je veux continuer nos rêves.
Wajdi fait mine de prendre sa veste de secouriste pour rejoindre les ambulances. Si vous connaissez Wajdi, vous savez déjà qu'il était en première ligne de la manifestation. Quand je l'apprends, je sais que je n'ai pas voulu le comprendre plus tôt et le sentiment d'avoir trahis nos serments me prends. Il n'a pas été blessé "grâce à Dieu seulement" me dit-il. Je suis folle de colère: contre lui d'avoir pris ce risque, contre moi qui n'ai pas été à la hauteur, contre le monde qui ne saura jamais.
"Sur le chemin, je volais, entouré des 500 personnes qui partaient ensembles, unis, c'était comme un orgasme" me dit Wajdi. Le plus grand rêve de Wajdi est une marche de tous les palestiniens à travers la Palestine : "imagine, Phalestine, à Naplouse nous sommes 200 000 habitants, imagine que juste 50 000 d'entre nous sortions, imagine les gens des villages nous rejoignant, imagine à chaque ville que nous traverserons les gens qui se joindront à nous. Ils ne pourront pas tous nous tuer, ils tueront seulement les premières lignes. Je serai devant, parce que ce jour là je pourrai mourir en paix, ce jour là ils ne pourront plus nous arrêter, nous serons libres. Nous serons devant Phalestine."
C'est pour ça que je ne peux pas dire à Wajdi que je suis en colère qu'il soit parti à cette manifestation. C'est pour ça que je ne peux pas lui dire, non, je veux que nous vivions. Vivre droit ou ne pas vivre, Wajdi est comme ça. Je fais mon possible pour l'atteindre, disons que c'est pas gagné.
Comme je l'appréhendais, les soldats n'ont pas hésité une seconde, en moins d'une minutes la foule était dispersée par le gaz, tirs à balles réelles et plastiques. Impossible de vraiment savoir combien de personnes ont été blessées. Pour cette unique minute le chauffeur d'une des ambulances m'a expliqué avoir transporté à l'hôpital quatre personnes.
Il est environ 15 heures lorsque nous arrivons devant le camp d'El Ain. Je suis à nouveau glacée par ma sueur. Les larmes immergent mon visage, ce n'est pas l'émotion mais le gaz lacrymogène. Une vieille dame tente de traverser la rue, je passe mon bras sur son dos pour la couvrir. Je ne veux pas me permettre de familiarité qui pourrait l'offusquer, mais elle prend mon bras, elle serre ma main.
Tout parait plus ordonné qu'hier : les jeunes qui lancent des pierres, les jeunes qui tentent d'apporter de la nourriture dans le camp. Les soldats surtout sont mieux organisés : une équipe de premier secours vient de se faire arrêter, un journaliste qui tentait de filmer la destruction d'une maison a pris une balle, la plupart des volontaires se voient refuser formellement l'entrée.
Nous apprenons que 20 familles sont enfermées dans une maison, cela signifie environ 200 personnes. Quelques soient les réserves qui étaient dans la maison, elles sont épuisées. Aiché (confère les textes précédents) a réussi à y apporter quelques vivres, mais pas assez.
Wajdi et moi avons apporté des médicaments laissés le mois dernier par un groupe de l'association Génération Palestine. Nous commençons à les "éplucher" avec un médecin de l'équipe, je traduis les indications et nous trions ceux qui correspondent aux besoins des habitants du camp. Hors de question de prendre le risque de donner un médicament qui ne corresponde pas, nous hésitons. Finalement nous prenons tous les efferalgants, aspirines, spasfon et nous laissons les autres dans le centre de secours installé à devant le camp. Nous prenons également de la nourriture autant qu'il nous est possible et avec un britannique, Jacob, et trois autres Palestiniens nous partons.
Nous sommes sur le seuil lorsque 3 soldats surgissent. Ils contrôlent nos papier d'identité, enfin pas les miens, la couleur de mon passeport suffit. Malheureusement elle ne suffit pas à protéger l'un des volontaire. Sous mes yeux, ils attrapent ce jeune, devant mes pieds ils l'obligent à s'agenouiller. Le viseur de l'arme qui s'abat sur son crane a un diamètre qui avoisine les 10 centimètres, ils l'attrapent par les cheveux, l'insultent, puis ils lui bandent les yeux et le jettent dans leur fourgon. Je ne peux rien faire, encore. Ils en ont rien à foutre des témoins, nous ne sommes même pas gênants.
Nous reprenons nos sacs de pains, de mortadelle, de médicaments et nous commençons à grimper les interminables marches de la colline. Comme hier nous voulons entrer par le haut. Il fait chaud, j'ai soif, l'estomac vide du jeune, la crève, la hantise d'une balle qui peut nous atteindre à tout moment. Je crois que je vais m'évanouir. Finalement non, j'arrive en haut et l'adrénaline qui monte à la vue du barrage militaire me remet très vite sur pied.
L'un d'entre eux me braque, il se fout de ma gueule ce connard, un autre baisse son arme. "Nous apportons de la nourriture et des médicaments pour les habitants, ils en ont besoin". Les ordres sont formels : "dégagez". Rien n'y fait, pas même les petites blagues d'usage. L'autre retrouve son sourire en me braquant à nouveau.
Nous faisons mine de partir et entrons dans une maison quelques mètres plus loin. Ces personnes qui nous reçoivent sont plus qu'accueillantes. Leur jardin donne accès à un autre jardin qui lui même donne sur le camp. D'autres équipes médicales sont déjà passées par là, elles guettaient notre arrivée pour nous indiquer le passage. Nous leur proposons un peu de nourriture, elles refusent : "ceux qui sont à l'intérieur en ont plus besoin".
Une explosion plus violente et plus longue que les autres tonne, une montgolfière de poussière s'envole. Nous accélérons, s'il y a des blessés nous devons les secourir. En ouvrant la grille Wajdi se retrouve nez à nez avec un soldat. Comme nous ne déguerpissons pas assez vite, une bombe sonore nous frôle, les coups de feux partent. Nous nous baissons et nous courrons.
Mon cher Wajdi est toujours plein de ressources : le voilà qui lance les paquets de nourriture aux habitants par les fenêtres. Un premier paquet de pain, un second, un poulet, ah non... pas de poulet, celui-ci n'est pas arrivé à destination. Les gens nous demandent de l'eau, nous restons sans voix: de l'eau.
Les soldats ont repéré notre "manège", nous détalons presto.
Il est 6 heures, nous entendons l'éden qui signale la fin du jeune, la tombée de la nuit aussi. Une ambulance nous attrape au vol. Je trouve une bouteille d'eau à l'intérieur, elle est chaude et pas très claire, je lui trouve pourtant une saveur d'hydromel.
Nous arrivons à la maison, de l'eau, des jus de fruits, du sucre, du silence. Je veux me sentir en sécurité.
Wajdi m'annonce que nous repartons dans une demie-heure. Je traîne, m'attarde sur mes emails, finis par sortir un "tu est sur que c'est vraiment utile ?" puis un "ils ne nous laisserons jamais entrer". Wajdi se laisse convaincre.
Il est temps de parler. En quelques secondes j'avoue tout: mon angoisse face à ce cauchemar, ma rencontre avec mes limites et surtout cette défaite. Aujourd'hui je n'ai pas été à la hauteur de mes engagements. Je ne veux pas vivre comme ça.
Il est environ 20 heures, nous rejoignons les équipes médicales. Au passage Wajdi propose à d'autres jeunes de nous emboîter le pas, la réponse de l'un d'entre-eux est "quand tu seras martyre, je viendrai chercher ton corps". Je ne suis pas certaine qu'il fut une bonne idée de la part de mon cher et tendre de me traduire cet encouragement.
Une lumière bleue descend la butte sur laquelle est basée le camp. Des lumières jaunes, sortes de feux d'artifices traversent le ciel, nous entendons des coups de feux, des explosions et un hélicoptère que je n'arrive pas à voir.
Il est trop tard, les soldats ont fermés la base médicale. Néanmoins Jacob et deux autres internationales ont étés autorisés à rejoindre la maison où les 20 familles sont retenues en otage, ils y sont toujours. Ils ont relâché le volontaire de Medical Relief près d'Howara (un des check point de Naplouse), il est transporté à l'hôpital parce qu'il est couvert de contusions. Je me risque à demander un stupide : pourquoi ? Parce que sur sa carte d'identité il est indiqué qu'il habite le camp d'El Ain.
C'est le moment du bilan. Beaucoup de blessés pendants la journée, de personnes "arrêtées", de nombreuses maisons ont été détruites de l'intérieur ou littéralement, très peu de nourriture est entrée dans le camp et les soldats ne partent pas.
Les véhicules militaires passent et repassent devant nous, il ne faut plus tarder.
Plutôt que cet exposé de complaintes douteuses de ma part j'aurais voulu décrire dans cet email ce que ressentent les personnes enfermées en ce moment. Mais comment ? Je n'ai pas pu entrer. Est-ce que je me rends compte moi même qu'ils nous demandaient de l'eau.
J'ai lu aujourd'hui Conte sous couvre feu écrit par les enfants d'El Ain avec l'aide de Darna (maison des associations de Naplouse). J'aimerai être à leur place pour ne pas savoir qu'ils y sont.
Aujourd'hui j'ai rencontré mes limites, ce qui fait la différence entre un Palestinien et une Française. Est-ce l'excuse que je me donne ? Elle est si facile.
Aujourd'hui est un jour de défaite personnelle à bien des niveaux.
Ce matin, à 10 heures une marche de solidarité aux habitants d'El Ain est organisée par les Naplousi.
J'ai veillé trop tard hier, je décide une nuit blanche mais le sommeil m'a pris vers huit heures. Wajdi tente de me réveiller pour y aller. Je n'en suis pas capable. Ce n'est pas le sommeil que je ne réussis pas à vaincre, c'est la peur. Je pressens un massacre. Un mouvement de foule effraiera les soldats, ils tireront sans hésiter. Femmes, enfants, vieillards, ils ne feront pas de différence. Ils voudront sûrement donner un exemple aussi, nous dire "ne revenez pas".
C'est un cri : je veux vivre, je veux que Wajdi vive, je veux continuer nos rêves.
Wajdi fait mine de prendre sa veste de secouriste pour rejoindre les ambulances. Si vous connaissez Wajdi, vous savez déjà qu'il était en première ligne de la manifestation. Quand je l'apprends, je sais que je n'ai pas voulu le comprendre plus tôt et le sentiment d'avoir trahis nos serments me prends. Il n'a pas été blessé "grâce à Dieu seulement" me dit-il. Je suis folle de colère: contre lui d'avoir pris ce risque, contre moi qui n'ai pas été à la hauteur, contre le monde qui ne saura jamais.
"Sur le chemin, je volais, entouré des 500 personnes qui partaient ensembles, unis, c'était comme un orgasme" me dit Wajdi. Le plus grand rêve de Wajdi est une marche de tous les palestiniens à travers la Palestine : "imagine, Phalestine, à Naplouse nous sommes 200 000 habitants, imagine que juste 50 000 d'entre nous sortions, imagine les gens des villages nous rejoignant, imagine à chaque ville que nous traverserons les gens qui se joindront à nous. Ils ne pourront pas tous nous tuer, ils tueront seulement les premières lignes. Je serai devant, parce que ce jour là je pourrai mourir en paix, ce jour là ils ne pourront plus nous arrêter, nous serons libres. Nous serons devant Phalestine."
C'est pour ça que je ne peux pas dire à Wajdi que je suis en colère qu'il soit parti à cette manifestation. C'est pour ça que je ne peux pas lui dire, non, je veux que nous vivions. Vivre droit ou ne pas vivre, Wajdi est comme ça. Je fais mon possible pour l'atteindre, disons que c'est pas gagné.
Comme je l'appréhendais, les soldats n'ont pas hésité une seconde, en moins d'une minutes la foule était dispersée par le gaz, tirs à balles réelles et plastiques. Impossible de vraiment savoir combien de personnes ont été blessées. Pour cette unique minute le chauffeur d'une des ambulances m'a expliqué avoir transporté à l'hôpital quatre personnes.
Il est environ 15 heures lorsque nous arrivons devant le camp d'El Ain. Je suis à nouveau glacée par ma sueur. Les larmes immergent mon visage, ce n'est pas l'émotion mais le gaz lacrymogène. Une vieille dame tente de traverser la rue, je passe mon bras sur son dos pour la couvrir. Je ne veux pas me permettre de familiarité qui pourrait l'offusquer, mais elle prend mon bras, elle serre ma main.
Tout parait plus ordonné qu'hier : les jeunes qui lancent des pierres, les jeunes qui tentent d'apporter de la nourriture dans le camp. Les soldats surtout sont mieux organisés : une équipe de premier secours vient de se faire arrêter, un journaliste qui tentait de filmer la destruction d'une maison a pris une balle, la plupart des volontaires se voient refuser formellement l'entrée.
Nous apprenons que 20 familles sont enfermées dans une maison, cela signifie environ 200 personnes. Quelques soient les réserves qui étaient dans la maison, elles sont épuisées. Aiché (confère les textes précédents) a réussi à y apporter quelques vivres, mais pas assez.
Wajdi et moi avons apporté des médicaments laissés le mois dernier par un groupe de l'association Génération Palestine. Nous commençons à les "éplucher" avec un médecin de l'équipe, je traduis les indications et nous trions ceux qui correspondent aux besoins des habitants du camp. Hors de question de prendre le risque de donner un médicament qui ne corresponde pas, nous hésitons. Finalement nous prenons tous les efferalgants, aspirines, spasfon et nous laissons les autres dans le centre de secours installé à devant le camp. Nous prenons également de la nourriture autant qu'il nous est possible et avec un britannique, Jacob, et trois autres Palestiniens nous partons.
Nous sommes sur le seuil lorsque 3 soldats surgissent. Ils contrôlent nos papier d'identité, enfin pas les miens, la couleur de mon passeport suffit. Malheureusement elle ne suffit pas à protéger l'un des volontaire. Sous mes yeux, ils attrapent ce jeune, devant mes pieds ils l'obligent à s'agenouiller. Le viseur de l'arme qui s'abat sur son crane a un diamètre qui avoisine les 10 centimètres, ils l'attrapent par les cheveux, l'insultent, puis ils lui bandent les yeux et le jettent dans leur fourgon. Je ne peux rien faire, encore. Ils en ont rien à foutre des témoins, nous ne sommes même pas gênants.
Nous reprenons nos sacs de pains, de mortadelle, de médicaments et nous commençons à grimper les interminables marches de la colline. Comme hier nous voulons entrer par le haut. Il fait chaud, j'ai soif, l'estomac vide du jeune, la crève, la hantise d'une balle qui peut nous atteindre à tout moment. Je crois que je vais m'évanouir. Finalement non, j'arrive en haut et l'adrénaline qui monte à la vue du barrage militaire me remet très vite sur pied.
L'un d'entre eux me braque, il se fout de ma gueule ce connard, un autre baisse son arme. "Nous apportons de la nourriture et des médicaments pour les habitants, ils en ont besoin". Les ordres sont formels : "dégagez". Rien n'y fait, pas même les petites blagues d'usage. L'autre retrouve son sourire en me braquant à nouveau.
Nous faisons mine de partir et entrons dans une maison quelques mètres plus loin. Ces personnes qui nous reçoivent sont plus qu'accueillantes. Leur jardin donne accès à un autre jardin qui lui même donne sur le camp. D'autres équipes médicales sont déjà passées par là, elles guettaient notre arrivée pour nous indiquer le passage. Nous leur proposons un peu de nourriture, elles refusent : "ceux qui sont à l'intérieur en ont plus besoin".
Une explosion plus violente et plus longue que les autres tonne, une montgolfière de poussière s'envole. Nous accélérons, s'il y a des blessés nous devons les secourir. En ouvrant la grille Wajdi se retrouve nez à nez avec un soldat. Comme nous ne déguerpissons pas assez vite, une bombe sonore nous frôle, les coups de feux partent. Nous nous baissons et nous courrons.
Mon cher Wajdi est toujours plein de ressources : le voilà qui lance les paquets de nourriture aux habitants par les fenêtres. Un premier paquet de pain, un second, un poulet, ah non... pas de poulet, celui-ci n'est pas arrivé à destination. Les gens nous demandent de l'eau, nous restons sans voix: de l'eau.
Les soldats ont repéré notre "manège", nous détalons presto.
Il est 6 heures, nous entendons l'éden qui signale la fin du jeune, la tombée de la nuit aussi. Une ambulance nous attrape au vol. Je trouve une bouteille d'eau à l'intérieur, elle est chaude et pas très claire, je lui trouve pourtant une saveur d'hydromel.
Nous arrivons à la maison, de l'eau, des jus de fruits, du sucre, du silence. Je veux me sentir en sécurité.
Wajdi m'annonce que nous repartons dans une demie-heure. Je traîne, m'attarde sur mes emails, finis par sortir un "tu est sur que c'est vraiment utile ?" puis un "ils ne nous laisserons jamais entrer". Wajdi se laisse convaincre.
Il est temps de parler. En quelques secondes j'avoue tout: mon angoisse face à ce cauchemar, ma rencontre avec mes limites et surtout cette défaite. Aujourd'hui je n'ai pas été à la hauteur de mes engagements. Je ne veux pas vivre comme ça.
Il est environ 20 heures, nous rejoignons les équipes médicales. Au passage Wajdi propose à d'autres jeunes de nous emboîter le pas, la réponse de l'un d'entre-eux est "quand tu seras martyre, je viendrai chercher ton corps". Je ne suis pas certaine qu'il fut une bonne idée de la part de mon cher et tendre de me traduire cet encouragement.
Une lumière bleue descend la butte sur laquelle est basée le camp. Des lumières jaunes, sortes de feux d'artifices traversent le ciel, nous entendons des coups de feux, des explosions et un hélicoptère que je n'arrive pas à voir.
Il est trop tard, les soldats ont fermés la base médicale. Néanmoins Jacob et deux autres internationales ont étés autorisés à rejoindre la maison où les 20 familles sont retenues en otage, ils y sont toujours. Ils ont relâché le volontaire de Medical Relief près d'Howara (un des check point de Naplouse), il est transporté à l'hôpital parce qu'il est couvert de contusions. Je me risque à demander un stupide : pourquoi ? Parce que sur sa carte d'identité il est indiqué qu'il habite le camp d'El Ain.
C'est le moment du bilan. Beaucoup de blessés pendants la journée, de personnes "arrêtées", de nombreuses maisons ont été détruites de l'intérieur ou littéralement, très peu de nourriture est entrée dans le camp et les soldats ne partent pas.
Les véhicules militaires passent et repassent devant nous, il ne faut plus tarder.
Plutôt que cet exposé de complaintes douteuses de ma part j'aurais voulu décrire dans cet email ce que ressentent les personnes enfermées en ce moment. Mais comment ? Je n'ai pas pu entrer. Est-ce que je me rends compte moi même qu'ils nous demandaient de l'eau.
J'ai lu aujourd'hui Conte sous couvre feu écrit par les enfants d'El Ain avec l'aide de Darna (maison des associations de Naplouse). J'aimerai être à leur place pour ne pas savoir qu'ils y sont.
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