Cette terre nous a été donnée dans sa totalité par la Torah. Aujourd’hui nous ne sommes pas venus ici pour construire, mais pour protester contre tout projet de céder notre terre aux Palestiniens. Un jour nos maisons s’étendront ici. Car la logique le veut.
Patrick Saint-Paul envoyé spécial à Maale Adumin, Le Figaro, 10.12.07. Hier, quelque mille ultranationalistes israéliens ont érigé symboliquement huit nouvelles colonies en Cisjordanie. Hier soir, la plupart des colons avaient abandonné les huit avant-postes. Cependant, quelques dizaines d’entre eux sont restés pour y allumer des bougies de Hanoukka. « Aujourd’hui nous ne sommes pas venus ici pour construire, mais pour protester contre tout projet de céder notre terre aux Palestiniens, explique le député nationaliste religieux Arieh Eldad. Un jour nos maisons s’étendront ici. Car la logique le veut.»
Coiffés de leurs traditionnelles kippas tricotées et agitant des drapeaux israéliens, les colons dansent en entonnant des chants nationalistes. D’autres se basculent d’avant en arrière, Torah à la main, et récitent leurs prières devant un muret de fortune. Quelque 300 extrémistes juifs ont gravi, hier, une colline stratégique située entre la colonie de Maale Adoumim, en Cisjordanie et Jérusalem-Est. Ils y ont posé les premières pierres d’un avant-poste, baptisé «Mevaseret Adoumim», espérant ainsi contribuer à l’échec des négociations de paix israélo-palestiniennes.
Déployés autour de la colline, les policiers israéliens laissent passer les colons à pied. Cependant, ils leur interdisent l’accès avec leurs véhicules, pour empêcher la construction de bâtiments, qui serviraient d’embryon à une «colonie sauvage». «C’est un scandale, la police a fermé la route aux Juifs, s’offusque Aryeh Itzhaki, l’un des chefs du mouvement «Fidèles à la Terre d’Israël». C’est de l’Apartheid à l’envers. Si l’on ne relie pas Maale Adoumim à Jérusalem, les Palestiniens s’installeront ici et nous serons forcés d’aller prier au mur des Lamentations en bus blindé sous les jets de pierres des terroristes. Notre but est de déjouer le complot visant à créer un État palestinien.»
L’endroit n’a pas été choisi au hasard. Les colons ont installé «Mevaseret Adoumim» en plein cœur de la zone dite «E1». Sous la pression des États-Unis, le gouvernement israélien a renoncé provisoirement à y construire 4 000 nouveaux logements et une zone industrielle. Israël espérait ainsi arrimer définitivement la plus grande colonie de Cisjordanie, Maale Adoumim, 34 000 habitants, à Jérusalem distante d’une dizaine de kilomètres. Les Palestiniens avaient vivement dénoncé ce projet, parce qu’il coupe en deux la Cisjordanie, rendant extrêmement problématique la constitution d’un État palestinien contigu et viable.
La permanence du projet E1
Israël n’a cependant pas renoncé à construire le quartier général de la police israélienne en Cisjordanie, passant outre l’opposition des États-Unis. Marquant cette détermination, l’imposant bâtiment de la police se dresse au sommet d’une colline, face à «Mevaseret Adoumim», desservie par une route goudronnée à quatre voies. «Tous les premiers ministres israéliens depuis Yitzhak Rabin ont donné leur accord pour la construction du projet E1, affirme Aryeh Itzhaki. Le poste de police a été construit pour protéger nos concitoyens, qui s’installeront ici. E1 verra le jour, car nous ne pouvons pas laisser les Palestiniens morceler notre État.»
Censée relancer les négociations israélo-palestiniennes, la conférence d’Annapolis, qui s’est tenue fin novembre près de Washington, a ravivé l’inquiétude des quelque 450 000 colons habitant à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Le premier ministre israélien, Ehoud Olmert, s’est dit prêt à envisager la création d’un État palestinien tenant compte de la nouvelle réalité créée par les grands blocs de colonies juives, qui grignotent et morcellent la Cisjordanie. Cependant, un accord entraînerait l’évacuation d’environ 80 000 colons, installés à l’est de la barrière de séparation avec les Palestiniens.
Hier environ 1 000 colons ultras se sont mobilisés, pour ériger symboliquement huit nouvelles colonies sauvages en Cisjordanie. Ils ont manifesté ainsi leur opposition au gel de la colonisation, que s’est engagé à respecter le gouvernement Olmert à Annapolis. Ce «gel» avait déjà été mis à mal la semaine dernière par un projet israélien de construction de 300 nouveaux logements dans la colonie de Har Homa, perchée sur les hauteurs de Bethléem. «Nous n’avons pas attendu le retour sur notre terre sainte pendant deux mille ans, pour que les États-Unis nous dictent à quel endroit nous avons le droit de nous installer, lance le rabbin de Maale Adoumim, Yehoshua Katz, en inaugurant le nouvel avant-poste. Cette terre nous a été donnée dans sa totalité par la Torah.»
Hier soir, la plupart des colons avaient abandonné les huit avant-postes. Cependant, quelques dizaines d’entre eux sont restés pour y allumer des bougies de Hanoukka. « Aujourd’hui nous ne sommes pas venus ici pour construire, mais pour protester contre tout projet de céder notre terre aux Palestiniens, explique le député nationaliste religieux Arieh Eldad. Un jour nos maisons s’étendront ici. Car la logique le veut.»
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