martedì 4 dicembre 2007

Gaza: la «cuisine» où se fabriquent les Qassam

Alain Campiotti, Jabaliya, LeTemps.ch, 4.11.07. PROCHE-ORIENT. Les groupes armés palestiniens menacent Israël de roquettes plus puissantes. Les plans d'une offensive israélienne sont prêts - C'est la cuisine du diable. Les marmitons sont cagoulés de noir, autour d'une grande cuve posée sur un réchaud, au centre de la pièce. L'un d'entre eux laisse couler un filet de poudre blanche d'un sac qu'il tient sous le bras: du nitrate de potassium. Un autre remue sans s'arrêter, avec une longue spatule, la pâte qui se forme au fond du récipient. Le troisième attend son tour, un autre sac dans les mains: «Du sucre», dit-il y en riant.

Braises ranimées

Le brouet qu'ils préparent est le combustible qui doit propulser une roquette Qassam en direction du territoire israélien. L'engin est à côté, posé sur un trépied. Un long tube noir, avec sa charge conique jaune au bout. Il ne manque que la pointe de percussion. Son nom est écrit sur le fuselage, en jaune aussi: «Quds». C'est un missile artisanal de la Brigade Al-Quds (Jérusalem) du Djihad islamique.

Dans la semaine qui a suivi la conférence d'Annapolis - celle qui voulait relancer les négociations de paix - les braises de Gaza ont été ranimées. Des Qassam sont tirées chaque jour vers Israël, et plus souvent des obus de mortier: c'est l'arme favorite de la milice du Hamas, qui depuis un an a décrété une sorte de trêve partielle, en ne tirant plus de roquettes. Le mouvement islamique laisse aux organisations alliées ou rivales (les Comités de résistance populaire, le Djihad islamique, les Brigades Al-Aqsa liées au Fatah) le choix des Qassam. L'armée israélienne réplique par des raids aériens et des opérations de commandos meurtriers: une vingtaine de morts dans les groupes palestiniens en une semaine; un obus de mortier a blessé quelques soldats israéliens dans une base à l'est de Khan Younis, de l'autre côté de la frontière.

Les deux camps - chacun accusant l'autre de tirer le premier - annoncent une escalade. Les Palestiniens, y compris le Hamas, affirment qu'ils ont développé de nouveaux types de roquettes d'une portée de 20km ou plus, au lieu de 10 à 12 aujourd'hui. Tsahal laisse planer la menace d'une opération massive. Gabi Ashkenazi, le chef d'état-major israélien, vient d'inspecter le front. Ehoud Barak, son ministre, a dit dimanche qu'il n'attendait plus qu'une décision du gouvernement pour passer à l'action.

Le Djihad islamique, qui a le soutien de l'Iran, se veut le fer de lance de «la résistance» - en même temps qu'il tente une médiation entre le Hamas et le Fatah. C'est peut-être pour le démontrer qu'il accepte des visites.

A côté, des enfants

Jabaliya est l'un des plus grands camps de réfugiés, entre la ville de Gaza et la frontière israélienne. L'intermédiaire, qui est venu à pied au rendez-vous après la tombée de la nuit, guide la voiture dans le dédale du camp. La fin du trajet se fait avec une cagoule sur la tête, en auto puis à pied, dans un sentier pierreux, puis un jardin, jusque dans l'atelier aux Qassam. C'est l'annexe d'une maison familiale. Des enfants crient à côté.

Les hommes masqués ont préparé une mise en scène: drapeaux noirs et slogans jaunes du Djihad islamique au mur, et sur une table qui sert de bureau. Le chef s'y est installé. Sa voix est jeune, artificiellement saccadée. Ils préparent deux roquettes parce qu'ils en ont reçu l'ordre. Ils ont été formés à cela, comme au maniement des armes et au combat de rue. «La lutte armée est le seul moyen, dit-il sous sa cagoule. Israël ne cédera rien par la négociation.» Le tir de ces roquettes imprécises et le plus souvent inoffensives ne fait-il pas le jeu d'Israël, qui justifie ainsi le déploiement de sa force supérieure? «Nous ne faisons que nous défendre. Quand ils tuent des enfants palestiniens, ils n'ont pas besoin de raisons.»

Devant la table, la grande spatule tourne toujours pour fluidifier la pâte combustible. Un échantillon est testé par une fenêtre ouverte, dégageant une âcre fumée. Puis la masse est versée dans un moule qui a la forme de la roquette. Une nuit pour que ça sèche, avant la mise en place dans le Qassam. Une autre équipe se chargera du tir. L'un des hommes de la «cuisine» l'accompagnera pour veiller jusqu'au bout à la «qualité du matériel».

Lundi matin, l'armée israélienne a annoncé que deux Qassam avaient été tirés au nord de Jabaliya. Les roquettes sont tombées dans un champ, sans faire de dégâts.

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