Alain Campiotti Gaza, Le Temps, 13.11.07. Le parti de Mahmoud Abbas a saisi l'occasion de l'anniversaire de la mort de Yasser Arafat pour contester les islamistes. Au prix du sang, le Fatah a réussi son premier grand défi au mouvement islamique qui contrôle le territoire depuis son coup de force de juin dernier. Les rumeurs de pourparlers entre les deux organisations rivales, qui contrôlent chacune un morceau de la Palestine en lambeaux, sont du coup évacuées. En tout cas jusqu'à la conférence d'Annapolis, qui doit s'ouvrir le 26 novembre dans le Maryland américain, où se rendra le président Mahmoud Abbas, et que le Hamas dénonce comme une duperie à l'échec programmé.
Depuis qu'il contrôle Gaza, le mouvement islamique a cherché à asseoir son pouvoir en occultant l'action du Fatah, par des arrestations, des confiscations d'armes, l'interdiction de toute manifestation. Mais il ne pouvait pas empêcher un rassemblement à la mémoire de Yasser Arafat, dont il célèbre lui-même désormais la figure, après l'avoir combattu.
Le Fatah a tout fait pour utiliser au maximum cette lucarne. Sur la côte montant de Rafah et de Khan Younis, un flot continu de taxis, de camions et de quelques bus roulaient vers le nord, drapeaux jaunes (la couleur du parti) au vent. Le Hamas a cherché à entraver l'utilisation des bus, avec un succès relatif.
La veille déjà, des fourgonnettes munies de haut-parleurs sillonnaient les rues de la ville pour appeler les Gaziotes à se rendre à Al-Kitab. Des petites échauffourées avaient eu lieu dimanche sur l'avenue devant les universités, dans les cités et dans les camps du sud.
Les moyens engagés par le Fatah étaient visibles sur la place. Des drapeaux, des casquettes quadrillées comme le keffieh, des T-shirts tout neufs. Deux immenses portraits d'Arafat avaient été accrochés aux immeubles du côté de la mer, comme la sonorisation. Ahmed Helles, l'un des chefs du parti à Gaza, a célébré devant plusieurs centaines de milliers de personnes cette réplique à «ceux qui disaient que le Fatah était mort».
C'est vers la fin de la manifestation que les tirs ont commencé plus au nord. Le Fatah affirme que des hommes masqués de la Force exécutive du Hamas ont ouvert le feu sur la foule, sans qu'il n'y ait eu de provocation. Le Hamas dit qu'il a répliqué à des jets de pierre et à des tirs. Des témoins remarquaient aussi que les militants du parti d'Arafat lançaient cette insulte aux hommes en noir: «Shia», autrement dit chiites - ce qu'ils ne sont pas; manière de dire: serviteur d'une puissance étrangère, l'Iran. La fusillade a eu pour effet de vider très vite l'immense terrain qui jouxte Rimal - ce qu'on peut appeler les beaux quartiers de Gaza en friche.
A Ramallah, en Cisjordanie, Mahmoud Abbas a dénoncé «les crimes haineux» commis par le mouvement islamiste dans le territoire du sud. Mohammed Dahlan, l'ancien responsable de la sécurité à Gaza pour le Fatah, a appelé les militants à continuer leur action pour obtenir «la chute du mouvement fasciste».
Les Gaziotes, qui souffrent sous le blocus, sont sans doute moins nombreux à soutenir le Hamas que lors des élections de janvier 2006, mais ils ne tiennent Dahlan ni comme leur guide, ni comme leur protecteur: cet homme à poigne est pour eux le symbole même de la corruption qui a miné le Fatah. En juin, les villas qu'il s'était fait construire ont été littéralement dépecées.
Le Fatah a tout fait pour utiliser au maximum cette lucarne. Sur la côte montant de Rafah et de Khan Younis, un flot continu de taxis, de camions et de quelques bus roulaient vers le nord, drapeaux jaunes (la couleur du parti) au vent. Le Hamas a cherché à entraver l'utilisation des bus, avec un succès relatif.
La veille déjà, des fourgonnettes munies de haut-parleurs sillonnaient les rues de la ville pour appeler les Gaziotes à se rendre à Al-Kitab. Des petites échauffourées avaient eu lieu dimanche sur l'avenue devant les universités, dans les cités et dans les camps du sud.
Les moyens engagés par le Fatah étaient visibles sur la place. Des drapeaux, des casquettes quadrillées comme le keffieh, des T-shirts tout neufs. Deux immenses portraits d'Arafat avaient été accrochés aux immeubles du côté de la mer, comme la sonorisation. Ahmed Helles, l'un des chefs du parti à Gaza, a célébré devant plusieurs centaines de milliers de personnes cette réplique à «ceux qui disaient que le Fatah était mort».
C'est vers la fin de la manifestation que les tirs ont commencé plus au nord. Le Fatah affirme que des hommes masqués de la Force exécutive du Hamas ont ouvert le feu sur la foule, sans qu'il n'y ait eu de provocation. Le Hamas dit qu'il a répliqué à des jets de pierre et à des tirs. Des témoins remarquaient aussi que les militants du parti d'Arafat lançaient cette insulte aux hommes en noir: «Shia», autrement dit chiites - ce qu'ils ne sont pas; manière de dire: serviteur d'une puissance étrangère, l'Iran. La fusillade a eu pour effet de vider très vite l'immense terrain qui jouxte Rimal - ce qu'on peut appeler les beaux quartiers de Gaza en friche.
A Ramallah, en Cisjordanie, Mahmoud Abbas a dénoncé «les crimes haineux» commis par le mouvement islamiste dans le territoire du sud. Mohammed Dahlan, l'ancien responsable de la sécurité à Gaza pour le Fatah, a appelé les militants à continuer leur action pour obtenir «la chute du mouvement fasciste».
Les Gaziotes, qui souffrent sous le blocus, sont sans doute moins nombreux à soutenir le Hamas que lors des élections de janvier 2006, mais ils ne tiennent Dahlan ni comme leur guide, ni comme leur protecteur: cet homme à poigne est pour eux le symbole même de la corruption qui a miné le Fatah. En juin, les villas qu'il s'était fait construire ont été littéralement dépecées.
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