venerdì 18 gennaio 2008

A Gaza, avec ceux qui lancent des roquettes sur Israël


AFP/MAHMUD HAMS
Des graffiti représentant des roquettes sur un mur à Gaza, le 16 janvier 2008.

"Israël ne viendra jamais à bout de nous, car, contrairement à eux, nous n'avons pas peur de la mort. Nous nous faisons même de la concurrence pour savoir qui va mourir le premier. Ce ne sont pas les Israéliens qui vont décider de l'heure de ma mort. Elle est déjà connue. C'est le destin ! C'est notre droit. C'est notre force ! C'est pour cela que nous allons gagner. D'ailleurs, regardez, nous leur faisons peur, poursuit Abou Haroun. Les habitants de Sderot partent. Une grande majorité d'entre eux veut partir. Plus personne ne veut vivre dans le sud. Nous les poussons vers le nord (d'Israël), vers le Hezbollah (le mouvement armé chiite du Liban sud). Ils sont pris en sandwich. Dans moins de dix ans, ils vont disparaître. Ils vont comprendre qu'ils ne sont pas chez eux ici." Cette semaine, Youval Diskin, le chef du Shin Bet (sécurité intérieure israélienne), a dressé un bilan : 356 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza en 2006 et 454 autres en 2007. B'Tselem, organisation israélienne de défense des droits de l'homme, a précisé que 360 des 810 victimes ne faisaient pas partie d'une organisation armée. M. Diskin a ajouté que ces 810 tués ne représentaient que "5 % des 20 000 militants armés estimés dans la bande de Gaza".

Michel Bôle-Richard, Gaza Envoyé Spécial, Le Monde, 18.1.08. Abou Haroun aurait voulu montrer comment il construit et lance les Qassam, ces roquettes qui sèment la terreur dans le sud d'Israël, à la périphérie de la bande de Gaza, mais le moment est mal choisi. Trop dangereux. Les Israéliens sont sur les dents. Beaucoup de ses camarades sont déjà tombés. Abou Haroun les désigne du doigt sur les vidéos qu'il fait défiler sur son ordinateur. "Celui-là est mort, et celui-là aussi." Cela l'émeut à peine. C'est devenu une habitude. La mort ne lui fait pas peur. Il sait qu'elle va venir, un jour ou l'autre.


Abou Haroun a choisi de se battre à l'âge de 13 ans et, aujourd'hui, à 30 ans, père de trois enfants, il n'a pas l'intention d'arrêter. Il ne masque pas son visage. Il sait qu'il est connu. Il a déjà échappé à la mort. Il a perdu un oeil. Les Israéliens l'ont toujours dans le collimateur.

Il se présente comme le chef de la brigade Abou Rich, organisation armée proche du Fatah. Il refuse de dire de combien de combattants sa brigade est composée, mais précise que, pour construire une Qassam et la mettre à feu, ils ne sont qu'une dizaine, et que les différents groupes s'entraident pour "continuer à améliorer les performances des Qassam".

Abou Haroun développe son argumentaire : "L'Intifada a commencé avec des pierres, elle a continué avec des cocktails Molotov, s'est poursuivie avec des balles et aujourd'hui avec des explosifs. La résistance est en progression et en développement. Nous n'avons jamais arrêté, et nous n'arrêterons jamais."

Et Abou Haroun ajoute : "Israël ne viendra jamais à bout de nous, car, contrairement à eux, nous n'avons pas peur de la mort. Nous nous faisons même de la concurrence pour savoir qui va mourir le premier. Ce ne sont pas les Israéliens qui vont décider de l'heure de ma mort. Elle est déjà connue. C'est le destin ! C'est notre droit. C'est notre force ! C'est pour cela que nous allons gagner."

"D'ailleurs, regardez, nous leur faisons peur, poursuit Abou Haroun. Les habitants de Sderot partent. Une grande majorité d'entre eux veut partir. Plus personne ne veut vivre dans le sud. Nous les poussons vers le nord (d'Israël), vers le Hezbollah (le mouvement armé chiite du Liban sud). Ils sont pris en sandwich. Dans moins de dix ans, ils vont disparaître. Ils vont comprendre qu'ils ne sont pas chez eux ici."

Abou Haroun occupe un immense appartement qui était celui d'un haut responsable du Fatah qui a pris la fuite après le coup de force du Hamas à Gaza, le 15 juin 2007. Ses enfants viennent jouer avec lui pendant qu'il fume chicha sur chicha (narguilé).

Il trouve amusant que la plus puissante armée du Proche-Orient soit dans l'incapacité d'arrêter ce qu'il appelle ses "casseroles en fer" : les Qassam. En fait, un bout de tuyau bourré d'explosif avec, à une extrémité, une charge détonante et, à l'autre, une charge de propulsion. Leur trajectoire est imprécise et leur rayon d'action d'une quinzaine de kilomètres.

Les Qassam palestiniennes ont causé la mort de dix personnes en Israël depuis octobre 2001, date du premier tir, sur un total d'environ 3 100 jusqu'à aujourd'hui.

Ces roquettes peuvent être lancées de n'importe où. Il suffit d'une rampe rudimentaire. La mise à feu ne l'est pas moins. Ces engins zigzaguent dans le ciel avant d'atterrir la plupart du temps en rase campagne. En raison de leur courte durée de vol, aucun système d'interception performant n'a pu être mis au point. Il y aurait bien la destruction par rayon laser, mais le procédé coûte cher et ne sera vraiment efficace que dans cinq ans, selon le général de réserve Isaac Ben-Israël.

Pour réduire cette menace, Tsahal procède à des incursions dans la bande de Gaza pour éliminer les tireurs et détruire les ateliers de fabrication. Un vaste no man's land a été dégagé tout autour de la bande de Gaza. Les bulldozers ont tout aplani et déraciné la végétation. En vain.

Depuis plusieurs mois, il est question d'une intervention militaire massive afin d'essayer de venir à bout de ces tireurs de Qassam qui terrorisent les habitants de Sderot et des kibboutz environnants. "Qu'ils viennent ! dit Abou Haroun. Qu'ils s'aventurent dans les villes, plutôt que de rester dans les espaces nettoyés près de la frontière. Ils savent que cela va leur coûter cher, que leurs Merkava (chars) vont sauter en l'air."

Abou Haroun s'emporte de plus en plus : "Ce sont des trouillards. Ils n'osent pas sortir de leurs blindés. Ils tuent de loin, avec leur obus et leurs avions."

Il trouve inadmissible que le monde entier ne dise rien, alors que les Palestiniens sont tués "tous les jours". Il se perd alors dans sa diatribe. "Leur but, c'est de tuer. Leurs mains sont pleines de sang ! Les soldats israéliens ont les mains pleines de sang ! Tout le peuple a les mains pleines de sang parce que tout le monde fait son service militaire, parce que le peuple, c'est l'armée !"

Abou Haroun affirme qu'il ne renoncera jamais. Il n'a pas peur de dire son nom. Et, s'il meurt, "d'autres assureront la relève et les tirs de Qassam continueront".

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